Home Notices historiques Titus Maccius Plautus

 

Sarsina, le pays natal de Plaute

 

plauto.gif (10300 byte)

TITUS MACCIUS PLAUTUS

 

La vie
Né à Sarsina, en Ombrie (v.254-184 av J.C.), Plaute était le plus populaire des poètes comiques latins. On ne sait à peu près rien de sa vie, quoiqu'il eût une existence accidentée: la légende veut qu'il se soit rendu à Rome dans sa jeunesse, où il aurait gagné de l'argent en travaillant dans le milieu du théâtre comme acteur comique. Ruiné par des mauvaises affaires, il aurait ensuite gagné sa vie dans un moulin, en travaillant comme garçon meunier, et commencé à la même époque à écrire des pièces de théâtre, comme le "Saturio" ("L'homme rassasié") et l' "Addictus" ("L'esclave à cause des dettes"), qui déjà dans le titre rappellent des malheureuses affaires privées;
ces pièces, avec une troisième dont on ne connaît pas le titre, furent représentées avec beaucoup de succès et constituèrent le début d'une heureuse carrière théâtrale qui dura plus de quarante ans: étranger à la politique, mais sensible aux événements de son époque (sa production date de la fin de la deuxième Guerre Punique), Plaute vécut exclusivement de son art, pratiqué avec une inlassable ferveur créative: en bref, il écrivait pour vivre, et son art n'était qu'une simple profession. En plus, dans son oeuvre "De Senectute",  Cicéron affirma que Plaute écrivit, quand il était déjà "senex" (âgé), des comédies comme "Pseudulus": en 191 av. J.C., il aurait donc été déjà vieux. Dans son "Brutus" Cicéron nous révèle aussi la date de la mort de Plaute.
Un doute se pose cependant: au sujet de son nom déjà: en effet "Maccius" était le nom d'un personnage de la comédie (celui qui avait une "grosse mâchoire") et "Plautus", outre le fait que cela puisse venir de ses pieds plats, était aussi un personnage de la comédie (celui qui portait des sandales, en comparaison des acteurs tragiques qui portaient des cothurnes). Il est possible que le poète aît utilisé ces noms d'art pendant son activité d'acteur.
On dit que plus de 130 pièces circulaient sous son nom  à la fin du II siècle, mais on ne peut lui en attribuer avec certitude que 21. Evidemment, le nom de Plaute était un gage de succès qui poussait les auteurs dramatiques et les directeurs de troupe à des fausses attributions. Varron, un célèbre érudit de cette époque-là, le premier directeur de la nouvelle bibliothèque de Rome, étudia les comédies de Plaute et les subdivisa en trois groupes:
- 21 qui peuvent sans doute être attribuées à Plaute (appelées "Fabulae Varronianae")
- 19 d'attribution incertaine.
- toutes les autres comédies, considérées apocryphes.

Varron était si célèbre que les 21 comédies reconnaissées comme authentiques furent les seules qui continuèrent à être recopiées. Toutefois, plusieurs témoignages des anciens nous amènes à penser qu'il existait d'autres comédies de Plaute, qui ont été perdues: "Commorientes", "Colax", "Gemini lenones", "Condalium", "Anus", "Agroecus", "Faerenatrix", "Acharistio", "Parasitus piger", "Artemo", "Frivolaria", "Sitellitergus", "Astraba".

Grâce aux didascalies (des brièves notices explicatives que les grammariens trouvaient dans les scénarios des compagnies à propos de la représentation, de l'exécution et du succès d'une comédie) nous connaissons la date de composition du "Stichus" (200 av. J.C.) et du "Pseudulus" (191 av. J.C.): la chronologie des autres pièces ne peut être determinée que sur la base d'éléments internes, en supposant une évolution de son théâtre de la "farce" à une espèce de "opéra bouffe" (il faut pourtant dire que aucune hypothèse ne s'est affirmée définitivement).

En tout cas, un ordre chronologique hypothétique pourrait être le suivant: "Asinaria" ("La comédie des Anes", 212), "Mercator" ("Le marchand", 212-10), "Rudens" (211-205), "Amphitruo" ("Amphitryon", 206), "Menaechmi" (206), "Miles gloriosus" (206-5), "Cistellaria" (204), "Stichus" (200), "Persa" (après 196), "Epidicus" (195-4), "Aulularia" (194), "Mostellaria" (incertaine), "Curculio" (200-191?), "Pseudolus" (191), "Captivi" (191-90), "Bacchides" (189), "Truculentus" (189), "Poenulus" (189-8), "Trinummus" (188), "Casina" (186-5); et la "Vidularia", qui nous est parvenue mutilée. Ces dates sont naturellement passibles de beaucuop de doutes, du moment qu'elle sont le resultat de simples suppositions.

 

Plaute: sa grandeur

Musas plautino sermone locuturas fuisse, si latine loqui vellent” ("Si les muses avaient voulu s'exprimer en latin, elles auraient parlé la langue de Plaute"). C'est ainsi que Quintilien nous transmet, dans son oeuvre “Instituto oratoria”, le jugement critique de Elio Stilone, le premier grand philologue latin du IIe siècle av.J.C.

Le comédies de Plaute sont le premier ensemble de grandes dimensions que nous ayons de la littérature latine. La  principale nouveauté de Plaute est qu'il ne se consacre qu'à un seul genre littéraire: le comique. Ce n'était alors pas du tout la règle en matière de littérature. Une autre de ses caractéristiques c'est qu'il prend pour modèle des oeuvres de Ménandre, Philémon, Diphile et d'autres maîtres de la comédie nouvelle des Grecs et les adapte à son public de Rome en y ajoutant de nombreuses références latines et des éléments de la tradition de la farce italique.

Plaute n'est pas seulement l'unique poète survivant de la littératute archaïque de Rome (avec Terence); il est aussi la seule voix qui vit encore parmi nous.  Si l'on excepte Virgile, il n'y a pas de poètes latins qui aient influencé de manière si forte et continue les littératures modernes d'Europe; et il s'agit d'une influence operée à travers la chose la plus vive produite par les coutumes et le génie des peuples: le théâtre. De la comédie "érudite"de la Renaissance, à la comédie italienne, du grand théâtre classique français à l'opéra bouffe du XVIIIe et du XIXe siècle, Plaute est resté "vivant" jusqu'au seuil du monde contemporain, comme voix familiale et bien acclimatée dans notre occident"; (PLAUTO – Le commedie, Giuseppe Augello, UTET Torino, 1961).

Plaute est le géant qui domine aux origines de la littérature latine dans une position d'isolement, de détachement par rapport à celle qui sera la tradition la plus typique de la civilisation spirituelle et littéraire exprimée en cette langue. Il est un produit énorme de la civilisation latine, le fruit le plus caractéristique de l'archaïsme, la voix la plus authentique de la latinité de son époque, qui n'aura pourtant rien à voir avec la suivante conformation aristocratique et élitaire de la culture latine...". (Tito Maccio Plauto “Tutte le Commedie",  Ettore Paratore, Newton Compton editori s.r.l. – Roma, 1992).

Grâce à son extraordinaire puissance d'imagination et d'expression, à la richesse, à la souplesse, à la puissance de son langage, à la variété métrique, on reconnaît à l'unanimité  les traits originels et la valeur authentique de son art. Les anciens reconnaissaient déjà dans la richesse et la variété métrique une caractéristique typiquement plautine, et ça est prouvé par l'épitaphe du poète cité par Gellio (qui l'avait lu dans les oeuvres de Varron) où on dit que, à la mort de Plaute, “numeri innumeri simul omnes conlacrimarunt” (des rythmes innombrables fondèrent en larmes tous ensemble).

L'avènement du Classicisme en poésie, à l'époque augustéenne, porta un rude coup au crédit de Plaute. Horace le jugera grossier et archaïque, bien que ne lui déniant pas tout intérêt. Le seul qui en cette période le cita dans ses oeuvres fut Dante: dans le "Purgatoire", Plaute est rappelé comme un des grands esprits de l'antiquité. Celle de Dante fut la seule voix qui parla de Plaute lorsque le nom du poète était presque oublié. 
Il faudra attendre le IIe siècle et son mouvement archaïsant pour voir Plaute remis au goût du jour. La culture était en traîn de subir un procès de laïcisation, qui mettait en crise la sainte représentation. La découverte de Plaute accelera énormément ce procès et donna une forte impulsion à la naissance du théâtre moderne.
A' ce propos, il est intéressant de souligner que, le 25 Janvier 1487, Hercule I inaugura un théâtre au Palazzo Ducale de Ferrara, dans notre région, avec la représentation de l'Amphitruo de Plaute.
Dans le grande théâtre florentin de la Renaissance les oeuvres de Plaute furent imitées, émulées, refaites, selon la tendance de notre Renaissance à créer le "neuf" en se fondant sur "l'ancien".
Machiavelli, Giannotti, Fiorenzuola, Trissino, le Cardinal de Bibbiena, Cecchi, Gelli, en traduisant et en imitant Plaute créèrent le premier théâtre comique italien, qui est aussi le premier théâtre européen.
La comédie italienne, née d'une sorte de réaction romantique au drame érudit, sera elle aussi influencé par le théâtre latin.
A' l'étranger aussi, le théâtre moderne subit l'influence de Plaute, qui fut souvent imité par Shakespeare (la Comédie des Erreurs), Molière (Amphitryon et Avare), Beaumarchais (Le mariage de Figaro), Kleist (Amphitryon), Lemercier (Plaute ou la Comédie latine).

D'autres poètes comme Lesage, Destouche, Corneille, Lessing, Dryden et Goldoni s'inspirèrent beaucoup au poète comique de Sarsina.

 

Plautus Festival
Chaque année, pour rendre hommage à la mémoire de ce grand auteur comique, la ville de Sarsina organise pendant l'été un cycle de rerésentations théâtrales, appelé "PLAUTUS FESTIVAL".
Il s'agit du seul festival du théâtre classique et traditionnel qui aît lieu en période estivale en Romagne, et ça représente donc un évenement de grande valeur artistique et culturelle.
Les compagnies théâtrales les plus célèbres d'Italie représentent les pièces des auteurs "classiques" mais surtout les comédies de Plaute qui, grâce à la puissance d'expression des dialigues, aux intrigues toujours pleines de vie, aux plaisenteries drôles et aux personnages familiers et ridicules, continuent à amuser  après deux mille ans.
Les représentations ont lieu à l' Arena Plautina, un théâtre en plein air avec une structure semi-circulaire en gradin, qui se trouve près du col de Calbano.
La place principale de Sarsina, elle aussi, est dédiée à Plaute. En Plus, près du Musée Archéologique il y a un monument dédié au poète avec un haut-relief en bronze réalisé en 1951 par le sculpteur Duilio Cambellotti. 
Le long de rue G. Capello on trouve aussi celle qui est communément appelée "Casa di Plauto" (Maison de Plaute), même s'il ne s'agit que d'un bâtiment qui incorpore des structures qui remontent à l'époque romaine et qui ont été liées au nom de Plaute.

Lecturae Plautinae Sarsinates
Chaque année,  à Sarsina, le premier samedi de Septembre on organise une réunion internationale d'études (Lecturae Plautinae Sarsinates) dédiée à l'analyse d'une comédie de Plaute, avec la participation des plus célèbres spécialistes italiens et étrangers.

 

barra azzurra.gif (8144 byte)
Date de la dernière mise à jour: 06-11-2006